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Introduction : Le cerveau connaît et comprend désormais la situation : sans réaction, le choc est inéluctable. Il lui faut agir le plus vite possible, pour empêcher l’attaque que le corps est sur le point de subir de continuer son cours, sans quoi il sera sans défense au moins dans les quelques centièmes de secondes qui suivent la détection du danger. Pour ce faire, le cerveau possède une multitude de commandes qu’il peut ordonner au reste du corps par l’intermédiaire d’hormones, protéines qui circulent par voies sanguines et dont le rôle est de communiquer une information à un organe, comme un messager transportant une missive du général à un officier au cours d’une bataille. Il s’agira dans cette partie d’analyser cette palette d’ordres disponibles pour faire face à l’ennemi tout juste découvert.

 

A/ Manifestations classiques de la peur

 

Introduction : Dans la plupart des cas, c’est-à-dire lorsque le système de réaction n’est pas défectueux, ni le danger détecté trop important, le cerveau fait développer au corps le même modèle de réaction, sorte de réaction habituelle qui est plus ou moins marquée en fonction de la gravité du danger constaté.

 

1) Réflexes de fuite

 

Dans le cas où l’élément extérieur analysé comme dangereux est une variation subite et imprévue dans l’environnement que nous percevons, que ce soit un mouvement brusque ou un bruit strident, son constat implique une réponse corporelle directe : il s’agit de réflexes, c’est-à-dire de gestes qui s’opèrent sans même que l’individu n’ait ordonné l’exécution. On peut affirmer ainsi que le corps n’est pas régi que par un esprit conscient et rationnel, mais il existe une pensée subconsciente, un autre moi, bien plus rapide mais moins réfléchie : elle correspond au circuit court du traitement de l’information à travers le cerveau. Cette notion est importante car elle démontre que pendant un moment l’individu n’est plus maître de son corps.

Ici, ce sont donc les muscles moteurs qui entrent en jeu, c’est-à-dire ceux qui permettent le mouvement. Le corps se convulse pour échapper au danger dans la direction opposée à celui-ci, souvent tout en se retournant face à lui afin de l’étudier plus en détails et être capable de meilleur discernement quant au comportement à adopter. En quelques centièmes de seconde, le corps réagit par contraction de certains muscles qui permettent une mobilité en quelque sorte involontaire par rapport à la position de l’objet menaçant détecté. Cette action n’a pas été décidée sciemment par l’individu, mais s’est bien opérée de manière subconsciente grâce au circuit court de réponse, les informations ne perdant pas de temps à être décryptées précisément par le cortex cérébral.

 

 

2) L’état d’alerte

 

Si le danger perçu n’est pas considéré comme susceptible d’atteindre l’organisme sur une période extrêmement courte après sa prise de conscience par le cerveau, la réaction sera celle d’un arrêt général de l’activité en cours. Il en est de même dans le cas où les seuls réflexes de fuite ont suffi à mettre l’individu temporairement hors d’atteinte directe. De cette manière, les muscles reçoivent l’ordre de se figer afin de permettre une concentration optimale sur l’objet en question, car une analyse plus poussée de la situation est nécessaire pour une décision efficace de protection. L’individu entre alors dans une phase d’attention maximale, l’alerte. Cet état étant plus ou moins long, il se divise en deux catégories distinctes :

- L’alerte phasique, état général de préparation attentionnelle très brève, est considérée pour une durée inférieure à une seconde. C’est elle qui laisse le temps au deuxième circuit de l’information à travers le cerveau de se faire. Parmi les deux types d’alerte phasique, l’arousal désigne l’état d’attention à son stade optimal.

- L’alerte tonique, elle, correspond à une période bien plus étendue, en général au-delà de 15 minutes. Ce second concept est observable pour un sentiment de peur plus long, lorsque toutes les capacités du cerveau sont nécessaires à la survie sur une plus longue durée : c’est le cas notamment lorsque le combat est nécessaire, et le corps développe ainsi des capacités plus importantes. L’alerte tonique induit donc un été d’éveil utile, mais qui a des effets plus ou moins néfastes après coup, en fonction de la durée d’activation de cet état. La conséquence principale est une fatigue très marquée, paradoxalement.

Les capacités de vue et d’ouïe sont développées et le corps est incapable de mouvement, au moins pour quelques dixièmes de secondes.

 

 

3) Subvenir aux besoins des muscles

 

   Que ce soit pour fuir ou pour combattre, les muscles seront grandement sollicités pour contrer la menace ; désormais, tout repose sur eux.

De quoi ont besoin les muscles ? Tout mouvement nécessite de l’énergie. Le muscle trouve la sienne à l’aide de la réaction chimique d’oxydation du glucose contenu dans le sang, permise par la présence de dioxygène également contenu dans nos vaisseaux sanguins. Voilà pourquoi tout le système cardio-respiratoire voit son action largement modifiée sous l’emprise de la peur : le cœur bat autant qu’au cours d’un grand effort physique, la respiration est incontrôlable et on a la sensation de manquer d’air. Augmenter le débit ventilatoire pour augmenter le taux de dioxygène assimilé tout en augmentant le débit cardiaque permet d’apporter aux muscles le taux de comburant nécessaire à la production d’une quantité considérable d’énergie. Le combustible de la réaction, le glucose, voit de même son taux dans le sang (glycémie) augmenter, grâce à l’action d’une certaine hormone : l’adrénaline.

 

   Ce même sang apportant les réactifs permettant la production d’énergie est aussi porteur de chaleur aux muscles et aux organes, car la réaction de combustion nécessite une énergie sous forme de chaleur pour engendrer de l’énergie sous forme de mouvement, et accessoirement aussi de chaleur. Un des effets les plus visibles de la peur sur l’organisme est celui des tremblements : c’est un phénomène qui contribue aussi à la production de chaleur pour permettre aux muscles de fonctionner. De légères secousses provoquées par contractions et décontractions très rapides des muscles produisent de la chaleur, lorsque celle-ci leur manque ; voilà pourquoi on tremble quand on a peur comme quand on a froid.

 

   En revanche, la transpiration est un phénomène opposé à celui du tremblement. Quand une partie du corps est trop chauffée par l’afflux accru du sang, sa température est régulée par l’évacuation de la sueur à la surface de la peau par les glandes sudoripares eccrines. Contrairement aux glandes sudoripares apocrines, localisées à certains endroits du corps seulement, et responsables de l’odeur désagréable censée entre autres marquer le territoire de l’individu, les glandes sudoripares eccrines excrètent bien une transpiration destinée à refroidir le corps ; ou en tout cas, à éviter la surchauffe. Mais là n’est pas la fonction principale de la transpiration en général, dans le cadre d’une telle situation de crise. Lorsqu’elle est déclenchée par la peur, on parle de transpiration émotionnelle. Celle-ci se remarque surtout au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds, et un simple stress suffit à la provoquer. Son but est totalement différent de la sudation habituelle de régulation de la chaleur du corps : elle est directement liée à une activité physique de fuite, puisque cette sueur est censée permettre au corps de ne pas glisser, que ce soit en courant ou en escaladant, en augmentant les frottements avec le sol ou les objets empoignés, c’est-à-dire l’adhérence.

 

   Drôle de chose que ce que l’on désigne familièrement par la « chair de poule ». Cette horripilation, ou encore piloérection, est le fait que les poils du corps soient redressés par des muscles horripilateurs, qui relient les poils à la peau. Pour en comprendre l’utilité, il faut remonter à des millénaires avant notre ère, lorsque les Hommes étaient encore recouverts d’une importante masse pilaire. Là, l’horripilation avait tout son sens ; elle permettait d’emprisonner une fine couche d’air entre les poils et la peau, afin d’éviter les pertes de chaleur, l’air étant un bon isolent thermique. Aujourd’hui quasi inutile, la piloérection a donc le même but que les tremblements et est toujours un moyen efficace chez certains animaux comme le chat.

Ce sont donc ces formidables opérations du reste du corps dirigées par différentes parties du cerveau qui permettront aux muscles de perpétrer les actions destinés à sauver tout le corps, par apport de tous les éléments nécessaires à la production d’énergie par les muscles.

 

 

4) Communiquer

 

   La manifestation la plus marquante de la peur chez un individu est sans nulle doute le cri qu’il pousse avec ardeur au moment où ce sentiment l’envahit. Quel est le rôle de ce bruit fracassant ? Certainement pas la fuite, puisqu’il attire l’attention. On accorde au cri une fonction triple, et deux destinataires, car effectivement le cri est une manière primitive mais efficace de s’exprimer.

 

   Le premier destinataire n’est autre que le danger lui-même, si celui-ci est bien entendu un être vivant capable de percevoir le son émis. La force sonore du hurlement est directement liée à une optique de combat, puisqu’il est censé intimider l’adversaire, voire même de réussir à lui faire peur à son tour, tout en tentant de dissimuler la sienne. Même si ce phénomène est particulièrement observable dans le monde animal, il sert aussi aux hommes. Le cri de guerre des soldats passant à l’assaut est un lointain dérivé de ce cri bestial pour intimider l’opposant.

 

   Les deuxièmes destinataires du cri sont les individus amis de la victime de l’agression, les membres de son espèce. Et là a lieu la réelle communication, puisque ce cri est un signal d’alarme qui prévient les individus alentours du danger que celui qui crie vient de repérer. Mais le cri n’est pas qu’un geste altruiste, car il est aussi signal de détresse et appel à l’aide ; ce n’est rien de plus qu’un son émis par un individu pour appeler ses semblables à la rescousse lorsque la situation lui paraît désespérée. Le cri fédère donc une espèce pour combattre une menace conjointement, un groupe étant toujours plus fort qu’un individu seul, ou permet la survie des autres membres de l’espèce par mise en garde du danger communément encouru.

 

   Ainsi, le cri est un moyen inconscient de lutter ou de fuir face à un agresseur, et permet une communication claire et rapide par un bruit facilement audible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Cette image provient de l’ouvrage scientifique L’expression des émotions chez l’homme et les animaux de Charles Darwin, où elle figure au chapitre XII : surprise, étonnement, peur, horreur. Charles Darwin y décrit les expressions faciales des sujets étudiés.

   Le visage de cet homme est caractéristique de la manifestation faciale de la peur. La bouche est béante, on l’imagine aspirer bruyamment un grand volume d’air : son système cardio-respiratoire est sollicité de manière très importante, ou bien cet air servira-t-il à pousser un cri sonore. Ses yeux sont largement écarquillés et ses sourcils relevés en plissant le front : son champ de vision est élargi à son maximum, afin d’atteindre une acuité visuelle des plus optimales. Sa tête es balancée vers l’arrière, comme mouvement de fuite par rapport au danger situé en contrebas d’après son regard, et comme recul pour obtenir une vue d’ensemble qui permettrait une recherche plus efficace des possibilités de fuite.

Peut-être cet homme est-il aussi paralysé par la peur… Dans cas, quelle serait l’utilité de cette réaction, comme l’évanouissement ou tout autre réponse qui nous paraît contraire à l’optique de survie ?

 

 

 

B/ LES RÉFLEXES DE SURVIE

 

1) La Paralysie

 

     Il ne faut pas considérer la paralysie due à la terreur comme un dysfonctionnement dans la tentative de combattre une menace. Cette idée vient de la sensation d’être incapable de commander ses membres, comme si le cerveau sous le choc ne parvenait pas à répondre à une situation aussi complexe et inhabituelle. En réalité, c’est cette partie inconsciente de notre pensée qui prend la place de notre pensée consciente dans le commandement du corps tout entier.

 

     Premièrement, pourquoi cette substitution a-t-elle lieu ? L’organisme considère que le niveau conscient de la pensée n’est pas capable de réagir efficacement, car ne peut diriger tous les muscles du corps (par exemple, les muscles de l’intestins ou le cœur même échappent totalement à notre contrôle conscient : si c’était le cas, il suffirait d’oublier de les actionner pour engendrer la mot). L’inconscient, terme très général pour désigner les différentes activités et décisions de diverses zones du cerveau qu’on ne peut heureusement pas régir, remplace alors le conscient et ordonne à de nombreux muscles l’inertie totale, chose difficilement effectuable par notre esprit conscient.

 

     Deuxièmement, à quoi sert cette réaction puisqu’il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement ? Ce type de paralysie rejoint d’anciens phénomènes similaires, particulièrement visibles chez certains animaux. La thanatose, ou le comportement défensif de certains animaux consistant à une mort apparente, est un raidissement du corps en cas de la présence d’un danger.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la moufette ou les écureuils ne sont pas les seuls à utiliser ce comportement. Les proies, aussi bien que les prédateurs utilisent cette paralysie factice pour survivre. En effet, dans le monde animal, les cadavres sont ignorés par tous (hors charognards, mais ceux-ci ne représentent pas le même danger) car la chair en putréfaction n’est pas consommée.

 

      Ainsi, l’homme dans un réflexe presque animal, tente de dégoûter son agresseur afin de pouvoir lui échapper. Cependant, lorsque l’origine de la peur est autre qu’un événement, et que celle-ci est capable de faire preuve de discernement, l’homme ne peut alors plus échapper à celle-ci, la paralysie bloquant alors toute fuite éventuelle.

      De plus, dans les cas le plus grave, c’est aussi afin d’éviter le danger que le corps se retrouve paralysé. Un individu souffrant d’une phobie des hauteurs par exemple, se retrouvera paralysé afin d’éviter tout faux pas lorsque son organisme se retrouvera dans la situation périlleuse concernée. Ainsi, la paralysie prohibant tout mouvement brusque voir tout mouvement en général permet la stabilité du corps à ce moment là, évitant l’accident potentiel.

 

 

 

2) La production d’une hormone : l’adrénaline

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

              Les hormones, si essentielles dans les réactions face à un élément mettant la vie de l’organisme en danger, donc de ce fait si essentielles à la survie de cet organisme, sont produites par des organes que l’on appelle en conséquence glandes endocrines (une glande étant un organe interne sécrétant une substance). En l’occurrence, il serait plus judicieux d’utiliser le terme de neurohormone, car elles sont sécrétées par des neurones, c’est-à-dire des cellules du cerveau, caractérisées par leur capacité à s’exciter électriquement et donc transmettre un signal électrique : les neurones, ou cellules nerveuses, ne sont donc pas seulement contenus dans le cerveau, mais dans la totalité du système nerveux. Pour aboutir à la synthèse de ces neurohormones qui dicteront aux cellules des organes visés le nouveau comportement à suivre, le thalamus entre en jeu. Plus précisément, il s’agit de sa partie inférieure, l’hypothalamus, qui interagit avec l’hypophyse (ou glande pituitaire), glande endocrine qui sécrétera les fameuses hormones destinées aux organes. Cette communication forte donne naissance au complexe hypothalamo-hypophysaire, assurée par la tige hypophysaire. C’est à travers celle-ci que passent des neurohormones sécrétées par l’hypothalamus à destination de l’hypophyse, qui sécrétera à son tour en conséquence les hormones dirigées vers les différents points du corps destinés à réagir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’adrénaline, ou épinéphrine est une hormone produite par les glandes surrénales et son action principale est de préparer, en union avec la noradrénaline, le corps pour un combat ou une fuite. Mais qu’est ce exactement ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’adrénaline et la noradrénaline sont deux différentes hormones et neurotransmetteurs. Elles sont toutes deux produites par certains neurones du système nerveux ainsi que dans la zone médullo-surrénale des glandes :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

            Elles sont relâchées dans les vaisseaux sanguins et servent alors de médiateur chimique, envoyant des impulsions nerveuses à certains organes. Cependant, il faut bien noter que l’adrénaline aura une action différente pour chaque cellule dans laquelle elle agit. Mais on peut noter que le but principal de l’hormone est bien de préparer le corps à « un combat ou une fuite » réponse d’un stress comme ceux étudiés précédemment.

            Les clés de l’action de l’adrénaline comprennent une augmentation du débit cardiaque, une augmentation de la pression sanguine, une expulsion de l’air contenu dans les poumons, élargissement de la pupille des yeux (voir image), une redistribution du sang à tous les muscles et une altération du métabolisme, afin de maximiser la glycémie (notamment pour le cerveau).

 

            L’adrénaline est aussi utilisée par des cellules afin de communiquer avec d’autres : c’est un neurotransmetteur. (Mais très peu d’adrénaline est utilisée dans ce but.)

 

  • Comment est contrôlée l’adrénaline ?

 

Lors d’événements qualifiés de stressant, les nerfs connectés aux glandes surrénales s’activent, provoquant une sécrétion d’adrénaline, augmentant alors son taux dans le sang. On peut observer que ce processus est extrêmement rapide, pas plus de 2 minutes ne sont nécessaires pour produire l’hormone. Lorsque la situation stressante est achevée, les impulsions nerveuses des glandes surrénales diminuent, stoppant la production d’adrénaline.

 

  • Que se passe-t-il si l’on a trop d’adrénaline ?

 

La surproduction d’adrénaline est rare. Ce surplus d’adrénaline peut avoir de nombreuses origines, tel qu’une  tumeur rare du Médullo-surrénale. Les symptômes sont les mêmes que dans une production classique de l’hormone, en ajoutant le fait que ces symptômes soient continus.

 

  • Que se passe-t-il si l’ont a trop peu d’adrénaline?

 

Le sousproduction d’adrénaline est peu commune. En accord avec le fonctionnemet du système adrénergique étudié, elle résulterait en l’incapicité du corps à répondre à un événement stressant.

 

 

 

 

 

Comment la peur peut-elle devenir une arme contre l'Homme?

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