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Comment la peur peut-elle devenir une arme contre l'Homme?

   Prix Nobel de littérature en 1957, rédacteur en chef du quotidien Combat, journal né de la Résistance, Albert Camus écrit en 1948 :

"Le XVIIe siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIe celui des sciences physiques, et le XIXe celui de la biologie. Notre XXe siècle est le siècle de la peur."

La peur n'est pas une science explique Camus. Mais la science y est pour quelque chose "puisque ses perfectionnements techniques menacent la terre entière de destruction".

 

   Albert Camus donne une 2e cause de la peur : "Nous avons vu mentir, avilir, tuer, déporter, torturer, et à chaque fois il n'était pas possible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu'ils étaient sûrs d'eux, et parce qu'on ne persuade pas une abstraction, c'est-à-dire le représentant d'une idéologie." Camus poursuit : "Un homme qu'on ne peut pas persuader est un homme qui fait peur."

 

   La peur au XXe siècle a donc 2 causes : les perfectionnements techniques et le développement des idéologies que Camus appelle "les forces aveugles et sourdes qui n'entendent pas les cris d'avertissements, ni les conseils, ni les supplications".

Pour Albert Camus, "quelque chose en nous a été détruit par le spectacle des années que nous venons de passer" : une part d’humanité. La confiance de pouvoir "tirer des réactions humaines à un autre homme en lui parlant le langage de l'humanité."

 

   Rappelons qu’en 1948, lorsqu’Albert Camus écrit ce texte, on sort de la période (1914-1947) la plus meurtrière de toute l'Histoire de l'humanité avec 100 à 200 millions de morts violentes sur une planète alors peuplée d'environ 2 milliards d'êtres vivants.

"Entre la peur très générale d'une guerre, que tout le monde prépare et la peur toute particulière des idéologies meurtrières, il est donc bien vrai que nous vivons dans la terreur."

 

Quelles ont été les utilisations de la peur comme arme au cours des différents conflits du XXe siècle ?

 

   Pour étudier la peur au XXe siècle, distinguons les peurs en fonction de leurs finalités :

 

I -      La peur pour gouverner

II -     La peur pour combattre

III -    La peur pour dissuader

IV -    La peur pour s’exprimer

 

 

 

I - LA PEUR POUR GOUVERNER

 

   La peur pour gouverner ou la Terreur est selon Hannah Arendt “la substance réelle des régimes totalitaires”. Guidées par une idéologie officielle, les autorités s’immiscent dans la totalité de la vie des individus. Le Parti contrôle la population par la terreur (police politique, camps de travail). Les forces de police surveillent les individus et entretiennent une peur telle que les populations n’osent pas s’insurger.

 

 

 

LA PEUR DANS L’ALLEMAGNE NAZIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Accédant au poste de chancelier le 30 janvier 1933, Adolf Hitler transforme l'Allemagne en une dictature à parti unique. Il se dote progressivement les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre sa politique de purification “raciale” et la conquête de l'Europe.

 

La privation des droits individuels fondamentaux.     Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, un déficient mental néerlandais met le feu au bâtiment du parlement allemand (le Reichstag). Hitler et son ministre de la propagande, Joseph Goebbels, présentent cet attentat comme le début d’un soulèvement armé communiste et parviennent à persuader le vieux président, Paul von Hindenburg, de proclamer un état d'urgence permanent. Ce “Décret de l'incendie du Reichstag” suspend les dispositions de la constitution allemande protégeant les droits individuels fondamentaux : liberté de presse, la liberté d'expression et la liberté de réunion. Le décret permet également à l'Etat et la police de s'immiscer dans la vie privée des citoyens en autorisant la censure de la correspondance, les écoutes téléphoniques et les perquisitions à domicile sans mandat ou sans motif sérieux. Dans le cadre de cet état d'urgence, le régime nazi peut arrêter et incarcérer les personnes sans motif et sans limite de temps.

 

La terreur pour intimider et éliminer les opposants.     Les formations paramilitaires, telles que les SA (Sturmabteilungen, “sections d'assaut”) et les SS (Schutzstaffel, "échelons de protection") ont été créées dans les années 20 pour terroriser les opposants politiques et assurer la protection des leaders du NSDAP. Après l'arrivée des nazis au pouvoir, de nombreux membres de ces unités sont recrutés comme auxiliaires de police et autorisés à frapper ou tuer ceux qu'ils considèrent comme des opposants.

 

   La SS est un instrument important de la terreur nazie. Ses membres constitueront le personnel des camps de concentration, dans lesquels les ennemis supposés du régime seront emprisonnés. Le chef de la SS Heinrich Himmler prend également le contrôle de la police régulière. Sous Himmler et son adjoint Reinhard Heyrich, la SS centralise les forces de la police politique allemande au sein d'une nouvelle agence, la Gestapo (Geheime Staatspolizei, police secrète d'Etat). Les agents en civil de la Gestapo ont recours à des méthodes impitoyables pour identifier et arrêter les opposants politiques.

   Dans les mois qui suivent la prise du pouvoir d'Hitler, des membres des SA et de la Gestapo vont de maison en maison à la recherche des ennemis du nazisme. Ils arrêtent les socialistes, les communistes, les leaders syndicaux et ceux qui se sont exprimés contre le parti nazi. Certains sont assassinés. A l'été 1933, le parti nazi est devenu le seul parti politique légal. Presque toute l'opposition au régime a été éliminée. La démocratie est morte en Allemagne.

La terreur pour encourager les dénonciations. L'intimidation par la terreur a été favorisée par le zèle avec lequel de nombreux Allemands (par conviction, appât du gain, jalousie ou vengeance) dénonçaient leurs concitoyens, juifs ou non, à la police. La Gestapo n'aurait pas pu exercer un tel contrôle sur la société allemande sans ce flot de dénonciations.

   Les nouvelles autorités nazies dont la SA, la SS et les autorités municipales de nombreuses communes vont créer des “camps” dans toute l'Allemagne. Il s'agit de centres de détention aménagés dans des camps proprement dits ou bien dans de vieux entrepôts, des usines désaffectées et d'autres bâtiments. Les autorités nazies y détiennent les opposants politiques sans procès et dans des conditions cruelles. Le 20 mars 1933, les SS ouvrent un camp dans une fabrique de munitions désaffectée de la ville de Dachau, située près de Munich. Le camp de concentration de Dachau doit devenir le “modèle” du vaste système de camps administré par la SS.

 

La terreur avant l’élimination des Juifs. La propagande nazie travaillait à inculquer aux citoyens allemands l'idée que les Juifs étaient des sous-hommes et que les terres allemandes devaient en être débarrassées. "La propagande vise à imposer une doctrine à tout un peuple… la propagande agit sur l’opinion publique à partir d’une idée et la rend mûre pour la victoire de cette idée." Adolf Hitler dans Mein Kampf (1924)

Léo Melamed avait sept ans lorsque l'Allemagne envahit la Pologne en septembre 1939 : "La vie n'était plus la même parce qu'il régnait un sentiment de peur à couper au couteau. On entendait des rumeurs sur des gens qui disparaissaient pendant la journée et qu'on ne revoyait plus ou dont on n'entendait plus jamais parler."

 

 

LA "GRANDE TERREUR" STALINIENNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   De tous les grands hommes politiques du XXe siècle, Staline est celui qui a pesé le plus longtemps sur les affaires mondiales et transformé le plus en profondeur son pays. Staline a, pendant un quart de siècle, influé directement sur le destin de près de deux cents millions de Soviétiques.

 

La "Grande Terreur".     La mise en place de la dictature personnelle de Staline passe par l'élimination d'une grande partie des élites politiques, économiques et militaires issues de la première génération bolchevique et par la promotion d'une nouvelle strate de dirigeants qui doivent leur carrière au Guide et lui sont totalement dévoués.

 

   Ce processus s’est déroulé, pour l'essentiel, dans les années qui précédent la Seconde Guerre mondiale, et tout particulièrement en 1936-1938, années de la "Grande Terreur". Le renouvellement des cadres est spectaculaire : plusieurs dizaines de milliers de responsables politiques, économiques et militaires sont arrêtés et exécutés.   

 

Les grands procès de Moscou. Staline, grand ordonnateur des trois grands procès de Moscou, met en accusation les principaux dirigeants bolcheviques qui s'étaient opposés à lui (Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Rykov). Le premier des grands procès se tient en août 1936. Il inaugure un scénario mis au point par Yagoda, le chef du NKVD (police politique) : les prévenus collaborent à leur mise à mort en avouant eux-mêmes les complots fantaisistes dont ils sont accusés et en dénonçant des complices ! Ils y sont conduits par un reste de fanatisme ou par l'espoir de sauver leurs proches.

   En seize mois (août 1937-novembre 1938), plus d'un million et demi de citoyens soviétiques sont arrêtés et condamnés (dont 800 000 à la peine de mort) par une juridiction d'exception dans le cadre de ces "opérations de masse". La Grande Terreur s’interrompt comme elle a commencé : par un ordre secret élaboré par Staline et ses plus proches collaborateurs.

    Staline apparaît comme le seul héritier de Lénine après l'élimination de presque tous les bolcheviques éminents (le survivant Trotski, en exil au Mexique, sera assassiné en 1940 sur ordre de Staline). Staline profite des procès pour faire porter sur les accusés le poids de ses échecs dramatiques dans la collectivisation des terres et des usines.

 

Une paranoïa grandissante. Malgré les nombreuses manifestations d'idolâtrie et les concerts de louanges à la gloire du "Père des peuples", le dictateur se retranche de plus en plus dans un isolement soupçonneux, ne connaissant de la vie du pays que les images embellies des rapports officiels. Après la relative libéralisation et le relâchement des contrôles sur la société durant la guerre, les dernières années de Staline sont marquées par un durcissement idéologique. À partir de 1946, se développe une vaste offensive contre toutes prétendues influences étrangères : l'"individualisme petit-bourgeois", le "formalisme" et le "cosmopolitisme". Cette condamnation prend une tournure de plus en plus antisémite : des milliers de Juifs sont arrêtés ou chassés de leur travail, surtout s'ils exercent dans les milieux de la presse, à l'université ou dans la médecine.

C'est dans ce climat délétère de fin de règne qu'éclate, en janvier 1953, l'affaire du "complot des blouses blanches". Un groupe de médecins juifs du Kremlin aurait tenté d'empoisonner des dirigeants soviétiques. Le "complot des blouses blanches" marque à la fois le couronnement de la campagne "anticosmopolite" et l’ébauche d'une nouvelle purge générale que seule la mort de Staline le 5 mars 1953 permettra d'éviter.

 

Leurs populations des régimes soviétique et nazi sont contrôlées par une peur omniprésente inspirée de l’Etat pour créer un homme nouveau, tendre vers un grand projet de réforme de société. L’Europe est le laboratoire de ces différentes idéologies qui, par leur objectif guerrier ou dans leurs contradictions, aboutissent au conflit le plus meurtrier de l’Histoire. Alliances politiques et idéologies sont donc les déclencheurs des guerres modernes.

 

 

 

II - LA PEUR POUR COMBATTRE

 

 

   La peur pour combattre a été largement utilisée au cours des deux guerres mondiales. Elle vise à affaiblir, déstabiliser, terroriser ses adversaires pour les vaincre. Ses ressorts principaux sont les progrès techniques et la naissance de la guerre moderne, porteuse de nouvelles méthodes et stratégies.

 

 

 

LES ARMES

 

Première Guerre mondiale, laboratoire d’expérimentations :

 

   Les mitrailleuses. L’artillerie est de loin l’arme la plus mortelle de la Première Guerre mondiale, responsable à elle seule de la moitié des pertes du conflit. L’offensive de l’infanterie et la cavalerie face à un ennemi bien retranché et équipé de mitrailleuses tue des milliers d’hommes en quelques heures. La confrontation entre les armes modernes et les tactiques du siècle précédent est terrible.

 

   Lance-flammes et obus. La guerre de 1914-1918 voit l’introduction du lance-flammes, une arme essentiellement utilisée pour terminer le "nettoyage" d’une tranchée ennemie. Des canons de calibres auparavant jamais vus détruisent en quelques jours de puissantes forteresses (siège de Liège en août 1914). Et des obus hautement explosifs sont utilisés pour pulvériser les tranchées.

 

   L’aviation. Dans les airs, quelques avions et dirigeables servent à des fins de reconnaissance lors de la Guerre italo-turque de 1911-1912. Plus tard, équipés de mitrailleuses et de bombes, les avions permettent des attaques aériennes, tout en gardant leurs fonctions de reconnaissance.

Les gaz de combat. Le 15 avril 1915, deux divisions françaises qui défendent la ville belge d'Ypres sont attaquées avec du chlore par l'armée allemande. C’est le début de l'utilisation de gaz dans la guerre. Par la suite, les Allemands et les Alliés utilisent régulièrement des gaz dans leurs grandes opérations militaires. En juillet 1917, la guerre chimique atteint son paroxysme avec l’utilisation de gaz moutarde dans la même région. Les batailles de la Somme et de Verdun sont marquées par l’emploi d’obus à acide cyanhydrique. En septembre 1917, du gaz Clarck à base d’arsines a été utilisé sans que les masques puissent l’arrêter.

 

   A la fin de la Première Guerre mondiale, face à l’ampleur du carnage et des dévastations, le monde croit que cette guerre était la dernière, la "der des ders", et met un frein à toute évolution en matière d’armements. Mais dans les faits, c’est le contraire qui se produit. Le pacifisme d’entre-deux-guerres ne fait pas le poids devant la créativité des inventeurs et le désir des gouvernements de poursuivre la modernisation de leurs armées.

 

Seconde Guerre mondiale, de nouvelles armes encore plus destructrices :

 

Les chars d’assaut. Les Allemands ont profité de la période de l’entre-deux-guerres pour améliorer leur conception. La combinaison chars-avions atteint des sommets pendant la guerre dite "éclair" de 1939 à 1941. Pourvus d’un armement relativement léger au début du conflit, les chars d’assaut de la Seconde Guerre mondiale sont équipés de canons de plus larges calibres et de blindages plus épais.

 

Le porte-avions. Perfectionné dans l’entre-deux-guerres, il permet d’atteindre des cibles navales et terrestres à partir de la mer. Exemple : l’attaque japonaise contre la base navale américaine de Pearl Harbor en décembre 1941.

 

L’aviation. La Seconde Guerre mondiale voit l’apogée du bombardement stratégique visant à anéantir les capacités industrielles de l’adversaire.

 

 

LES METHODES : LES CIVILS AU COEUR DES CONFLITS

 

   La Première Guerre mondiale, une expérience traumatisante pour les civils et la fin d’une certaine conception positiviste de l’homme. Loin d’apporter un progrès uniforme, la science (gaz, avions, mitrailleuses) a permis la plus grande boucherie de tous les temps. Loin d’être un homme nouveau, le rescapé qui a eu la chance d’échapper à la mort n’est plus qu’un être amoindri (Otto Dix, Invalides jouant aux cartes).

La Seconde Guerre mondiale, les civils deviennent des cibles. Les civils sont victimes d’un effroyable niveau de violence lors des invasions, des occupations des pays vaincus par les puissances de l’Axe, des retraites de ces armées et lors des bombardements aériens. Les civils représentent 62% des victimes totales (environ 42 millions de personnes).

 

   Les villes polonaises, anglaises, allemandes, françaises sont les cibles de bombardements terribles. Toujours sur le qui-vive, les habitants rejoignent les abris dès que les sirènes annoncent une attaque aérienne. Une fois l’alerte levée, les citadins découvrent avec angoisse l’ampleur des destructions, ce qu’il reste dans leur maison, et recherchent avec une immense inquiétude les membres de leur famille bloqués sous les décombres.

 

   La destruction de Dresde 12 au 13 février 1945 : "Jamais je n’avais imaginé que des gens puissent être ensevelis dans cet état : brûlés, réduits en cendres, déchirés, écrasés; quelquefois les victimes avaient l’air de gens normaux, tranquillement endormis; le visage de certains était tordu de douleur, les corps entièrement déshabillés par l’ouragan (c’est-à-dire le vent créé par le gigantesque incendie allumé par les bombes incendiaires britanniques et américaines); il y avait de pauvres réfugiés de l’Est, en haillons, et des gens qui sortaient de l’Opéra en grande toilette. Ici, la victime formait une masse informe, là une couche de cendre recueillie dans un tube de zinc. A travers la ville, le long des rues, flottait la puanteur de la chair humaine calcinée ou en train de pourrir." David Irving, La destruction de Dresde (1964).

 

   Pendant la guerre du Vietnam et pour la première fois dans un conflit, des produits chimiques, le napalm et l'"agent orange", sont utilisés à très grande échelle. L'US Air Force s'en sert pour brûler le couvert végétal, les habitations en bois et les récoltes, avec des effets ravageurs à très long terme.

La torture pendant la guerre d’Algérie : Pendant la bataille d’Alger, le général Massu, doté de pouvoirs de police, doit rétablir l’ordre contre les attentats du FLN qui ensanglantent la ville. Les personnes arrêtées sont soumises à la torture et parfois exécutées sommairement. Plusieurs milliers disparaissent, certains étant précipités d’avions dans la mer. En février 1957, le leader du FLN Larbi Ben M’Hidi est arrêté puis "suicidé". Les réseaux du FLN sont détruits, des dizaines de milliers d’Algériens sont arrêtés, des milliers sont portés disparus. Cette victoire militaire s’accompagne d’une grave crise morale et d’une forte réprobation internationale.

 

 

 

LA BOMBE ATOMIQUE SUR HIROSHIMA ET NAGASAKI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Avant la Seconde Guerre mondiale déjà, les Américains s'inquiètent du risque de voir les nazis mettre au point une bombe d'une puissance meurtrière exceptionnelle grâce au principe de la fission nucléaire. Désireux de les devancer, le président Roosevelt inaugure en 1942 un programme secret de mise au point de la bombe A. Au moment où les Américains finalisent la bombe, l'Allemagne nazie s'apprête à capituler sans conditions. Seul le Japon représente encore une menace et s'entête dans une résistance désespérée.

 

   Le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine adressent au Japon un ultimatum qui fait implicitement allusion à une arme terrifiante. Finalement, au matin du 6 août 1945, le bombardier Enola Gay s'envole vers le Japon, avec, dans la soute, une bombe à l'uranium de quatre tonnes et demi. L'état-major choisit pour cible la ville industrielle d'Hiroshima (300.000 habitants), en raison de conditions météorologiques optimales.

   La bombe est larguée à 8h15. 70.000 personnes sont tuées. La majorité meurt dans les incendies consécutifs à la vague de chaleur. Plusieurs dizaines de milliers sont grièvement brûlées et beaucoup d'autres mourront des années plus tard des suites des radiations (un total de 140.000 morts). Pourtant, les dirigeants japonais ne cèdent pas devant cette attaque sans précédent. Les Américains décident alors de larguer leur deuxième bombe atomique. À Nagasaki (250.000 habitants), le 9 août, 40.000 personnes sont tuées sur le coup (80.000 morts au total selon certaines estimations).

Le 2 septembre, le général américain MacArthur reçoit la capitulation sans conditions du Japon. La Seconde Guerre mondiale est terminée... et le monde entre dans la crainte d'une apocalypse nucléaire. Seuls de rares penseurs, comme Albert Camus, ont pris la mesure du bouleversement entraîné par l'explosion d'Hiroshima.

 

   En 1945, alors que les dirigeants des pays vainqueurs: Staline, Roosevelt, Churchill et De Gaulle mettent en place la reconstruction et la réorganisation du monde, la course à l’armement continue entre l'Union soviétique et les États-Unis. Plane sur le monde la crainte qu'un conflit nucléaire ne dégénère en une destruction totale de l'humanité.

 

 

 

III - LA PEUR POUR DISSUADER

 

   La peur pour dissuader est au centre de "L’équilibre de la terreur" entre les deux blocs qui s'opposent pendant la Guerre Froide : le monde libre et le bloc soviétique. L’arme nucléaire se répand dans la seconde partie du XXe siècle à l’URSS mais aussi la France, la Grande-Bretagne ou la Chine. La course aux armes de destruction massive engendre une série de conflits indirects entre grandes puissances et de crises qui menacent la paix mondiale.

Hans Jonas, philosophe allemand du XXe siècle présente dans son Principe de Responsabilité "l’heuristique de la peur", c’est-à-dire l’idée que la peur de nous-mêmes et des effets de nos inventions techniques est la seule manière de freiner l’emballement du progrès vers le pire. C’est du risque lui-même que nous tirons notre humanité.

 

 

L’AMÉRIQUE, GENDARME DU MONDE

 

   En 1945, les États-Unis disposent d'une puissance économique inédite : jamais un seul pays n'a fourni une part aussi importante du produit mondial. Les États-Unis ont le monopole sur l'arme atomique et ont permis la victoire des Alliés. Rompant avec leur isolationnisme traditionnel, les États-Unis s'engagent dans un système d'alliances qui fait d'eux les garants de la sécurité européenne face à la menace soviétique.

 

   En 1947, avec la Doctrine Truman, les États-Unis s'engagent dans une politique d'Endiguement, qui consiste à soutenir les peuples libres pour éviter leur basculement dans le communisme. Cette politique s’oppose à la doctrine Jdanov qui conteste "l’impérialisme américain".

   Le refus par l'URSS du plan Marshall, proposé par les Américains pour aider les économies détruites par la guerre à se relever, enracine la division de l'Europe en deux blocs. C'est le début de la guerre froide. Les États-Unis et leurs alliés s'organisent au sein de l'OTAN dont les signataires s'engagent à se défendre mutuellement en cas d'attaque d'un des leurs. En face, le pacte de Varsovie entre l’Europe de l’Est (toujours envahie par l’armée rouge) et l’URSS est une coopération militaire, politique et économique qui s’oppose à l’OTAN.

 

 

LE BLOCUS DE BERLIN

 

   En juin 1948, les Américains, les Britanniques et les Français fusionnent leurs zones d’occupation pour bénéficier de l’aide Marshall. Les Soviétiques dénoncent une violation des accords de Postdam (1945) et isolent les secteurs d’occupation occidentaux de Berlin pour les contraindre à se retirer et imposer leur autorité sur toute la ville. Les voies d’accès routières et ferroviaires aux zones d’occupations occidentales sont coupées.

   Face à ce coup de force, le président Truman déclare : "Nous sommes à Berlin et nous y resterons". Les Américains mettent en place un pont aérien légal permettant le ravitaillement des deux millions de personnes de Berlin-Ouest. Entre le 25 juin 1948 et le mois de mai 1949, un million et demi de tonnes de marchandises parviennent à Berlin-Ouest par les airs. Durant l’été 1948, toutes les huit minutes, jour et nuit, un avion atterrit sur la piste de Tempelhof, dépose sa cargaison et repart. Ce pont aérien conduit à l’échec de l’initiative des Soviétiques qui, le 12 mai 1949, lèvent le blocus.

 

 

LA CRISE DES FUSÉES DE CUBA

 

    Le 22 octobre 1962, dans un discours mémorable, John Fitzgerald Kennedy lance un ultimatum aux Soviétiques et à leur chef, Nikita Khrouchtchev : "Le prix de la liberté est élevé. Mais l'Amérique l'a toujours payé". Le monde tremble dans la crainte d'une guerre nucléaire entre les deux superpuissances.

Une semaine plus tôt, des photos aériennes prises par un avion-espion U2 révèlent au président américain que les Soviétiques sont en train d'installer des bases de lancement de fusées à tête nucléaire sur l'île de Cuba, à 200 kilomètres de la Floride et à portée immédiate des grandes villes américaines. Pour les Américains, cette épée de Damoclès est inadmissible. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, dans le secret, un Conseil de sécurité nationale élabore tous les scénarios possibles, y compris le pire, à savoir un bombardement de Cuba avec le risque d'un engrenage nucléaire. Américains et Soviétiques négocient pendant ce temps dans les coulisses.

 

   La tension est à son comble. Le président choisit finalement le bluff et, dans son discours du 22 octobre, annonce une quarantaine autour de Cuba pour empêcher les navires communistes de livrer le matériel destiné aux bases de missiles. C'est un jeu extrêmement périlleux : avec ce blocus, on frôle à tout moment l'incident qui pourrait dégénérer en Troisième Guerre mondiale.

Dès le 24 octobre, des cargos soviétiques renoncent à poursuivre leur route vers l'île. Le 26 octobre, Nikita Khrouchtchev propose des négociations mais Kennedy ne veut rien d'officiel qui rappellerait les tristement célèbres accords de Munich (1938). Le lendemain, un avion-espion U2 est abattu au-dessus de Cuba et son pilote tué. Kennedy prévient les Soviétiques que la prochaine agression de ce type serait suivie d'un bombardement des sites de missiles.

Finalement, il accepte le principe des négociations et prend par écrit l'engagement de ne jamais tenter d'envahir Cuba. Par une clause secrète, il s'engage aussi à démanteler ses missiles en Turquie, aux frontières de l'URSS. 

 

   Pour le monde entier, il devient clair qu'aucun des deux Super-Grands n'est prêt à prendre le risque d'un conflit nucléaire. C'est une faille dans la guerre froide et l'amorce timide de la détente.

 

 

LA GUERRE DU VIETNAM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Pour éviter une chute en cascade des derniers régimes pro-occidentaux d'Asie (selon la "théorie des dominos" formulée par l'ancien président Eisenhower), le président américain John Fitzgerald Kennedy envoie au Vietnam quelques troupes déguisées en conseillers militaires (à partir de 1961). Les États-Unis soutiennent directement le gouvernement du Sud-Vietnam contre ses rebelles communistes du Nord-Vietnam (les Viet-cong) soutenus par l’URSS.

En août 1964, le président Lyndon Baines Johnson (successeur de Kennedy) alors en campagne électorale va agiter la menace de subversion communiste et se servir du prétexte d'une attaque navale du Vietnam du Nord pour lancer les premiers raids américains sur les positions communistes du Sud-Vietnam. Cette détermination lui vaut une réélection triomphale le 4 novembre suivant mais entraine son pays dans l’escalade de la guerre.

Loin de démontrer leur capacité d'endiguer le communisme alors triomphant, les Américains vont peu à peu s'enliser au Vietnam et y abandonner une part de leur aura civilisatrice et de leur invincibilité : n'est-ce pas la première guerre de leur histoire qu'ils vont perdre ?

 

 

 

   La politique de transparence initiée par le réformateur Gorbatchev lance un mouvement d’instabilité et de liberté dans le bloc soviétique. L’effondrement de l'Union soviétique (1991) et la Chute du Mur de Berlin (1989), laisse les États-Unis en position de seule superpuissance mondiale.

 

   La fin de la Guerre Froide élimine un adversaire qui assurait contre lui l'union des alliés des États-Unis et favorisait la cohésion sociale à l'intérieur. Les menaces se dispersent dans un monde qui n’est plus bipolaire mais pluriel. De multiples conflits menacent la paix : terrorisme, prolifération des armes, guerres civiles, religieuses, ethniques, violations des droits de l'homme.

 

 

 

IV - LA PEUR POUR S’EXPRIMER

 

   La peur pour s’exprimer est un puissant moyen de combat idéologique ou guerrier dans le cadre d’un conflit inégal. Dans un XXe siècle où la superpuissance militaire, culturelle et économique américaine émerge, l’opposition est éparse et sa force d’action faible. L’explosion du bloc communiste et la décolonisation laisse la place à un monde pluriel, subordonné indirectement au modèle des Etats-Unis. La peur pour s’exprimer devient donc l’arme des mouvements terroristes qui se servent des médias, réseaux sociaux, pour diffuser la terreur à large échelle.

 

 

 

LE TERRORISME, LA GUERRE DES FAIBLES

 

   Une guerre asymétrique est une guerre qui oppose la force armée d'un Etat à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l'adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme ou la guérilla et se distinguent des guerres entre États.

   Pour Raymond Aron, le terrorisme recherche "un impact psychologique hors de proportion avec les effets physiques produits et les moyens utilisés". Le terrorisme vise à déstabiliser les Etats et à frapper l'opinion par le bruit médiatique. La stratégie de la peur comme levier de masse, pour inoculer une inquiétude diffuse et des questions sans réponse : où, quand, comment?  

Intégristes et fanatiques de tout genre se sont développés avec les médias qui portent ces violences nouvelles au coeur de l’opinion publique. Le terrorisme d'Etat a été remplacé par un terrorisme pluriel, nébuleux, avec un ennemi aux contours flous.  

   Le terrorisme incarne, avec les attentats-suicides et les martyrs, une puissance de mort qui défie notre compréhension occidentale. Quant aux cibles, elles sont directes ou indirectes : Israël, l'O.T.A.N. et la toute-puissance américaine, l’Europe occidentale.

En Europe occidentale, de nombreuses minorités luttent pour des droits : mouvement irlandais (I.R.A., Irish Republican Army), mouvement basque E.T.A. (Euskadi ta askatasuna, Pays basque et liberté) qui a subi des sérieux reculs depuis que les polices espagnole et française collaborent, mouvements corses qui prétendent lutter contre un statut colonial imposé par la France continentale.

   Mais surtout apparait un terrorisme transnational lié au conflit israélo-palestinien ...

 

 

LES JEUX OLYMPIQUES DE MUNICH ENDEUILLÉS

 

    Les Allemands attendent des Jeux Olympiques de Munich (1972) qu'ils effacent le triste souvenir des Jeux de Berlin (1936), présidés par Hitler. Mais, le 5 septembre au petit matin, un commando terroriste palestinien investit le bâtiment dans lequel loge la délégation israélienne, tue deux personnes et en retient neuf autres en otages. Au réveil, le monde découvre sur les écrans de télévision deux réalités avec lesquelles il va devoir apprendre à vivre : le terrorisme et la Palestine. Le chef du commando se réclame d'un groupe terroriste palestinien appelé Septembre Noir. Ce nom fait référence au massacre par le roi Hussein de Jordanie des groupes armés palestiniens présents sur son territoire en septembre 1970.

 

   Le drame de Munich, qui mêle Israël, Palestine et Jordanie, nous renvoie aux racines du mal. Tout commence en novembre 1918, quand, après la défaite et le démembrement de l'empire turc, les Arabes du Proche-Orient recouvrent une indépendance qu'ils avaient perdue depuis... près de mille ans. Ils espèrent se relever de cette longue humiliation grâce à leurs sauveurs, Anglo-Saxons et Français. Mais les vainqueurs de la Grande Guerre préfèrent se partager le Moyen-Orient. Aux Français la Syrie et le Liban, aux Anglais l'Irak et la Palestine... Et avec la déclaration Balfour, ils légitiment l'implantation d'un "foyer national juif" en Palestine. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Assemblée générale des Nations Unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. Et en 1948, David Ben Gourion déclare l’indépendance de l’Etat d’Israël.

 

   Quand éclate la guerre des Six jours, en 1967, les Occidentaux, droite et gauche réunies, vibrent en faveur du petit Israël confronté à la coalition arrogante des pays arabes. Il n'y a guère que le général de Gaulle pour faire entendre une voix différente. Les Palestiniens, que leurs "frères" arabes maintiennent dans des camps quand ils ne les massacrent pas comme le roi Hussein, se sentent seuls et désemparés. C'est alors qu'un chrétien de Palestine, Georges Habache, opposant de Yasser Arafat, préconise le terrorisme. Il lance les premiers attentats contre des cibles civiles. Il se dit révolutionnaire et marxiste-léniniste, partisan de l'unité arabe (à cette époque, aucun progressiste arabe ne s'occupe de religion, l'islam est jugé rétrograde). C'est dans ce contexte que survient l'attentat de Munich.

 

   Sauver les Jeux : Le Comité international olympique, dans la tradition de Pierre de Coubertin, se veut apolitique. Dès l'annonce de l'attentat, son président n'a qu'une obsession : faire en sorte que les Jeux reprennent au plus vite.

 

   À la hâte, on négocie avec les terroristes leur départ pour l'Égypte en hélicoptère. Le drame éclate au cours de l'assaut mené par la police munichoise avec une incroyable maladresse. Trois terroristes sur les huit sont immédiatement abattus. Les autres, se voyant assaillis, ont le temps de jeter une grenade dans un hélicoptère et de tirer dans le second où sont attachés leurs prisonniers. Tous sont tués. Un policier allemand meurt aussi au cours des échanges de tirs. Trois terroristes survivants restent aux mains des policiers. Le gouvernement allemand annonce à minuit, sur la foi de mauvaises informations, que tous les otages ont été libérés, avant de démentir une demi-heure plus tard.

 

   Deux jours après, le gouvernement israélien dirigé par Golda Meïr ordonne une attaque aérienne de représailles contre des bases palestiniennes en Syrie et au Liban. 70 morts. Entre temps, les compétitions sportives ont repris leur cours après une trêve de 34 heures.

La prise d'otages de Munich marque le commencement de l'agitation palestinienne et du terrorisme moyen-oriental, lequel culminera avec la destruction des tours jumelles de New York et du Pentagone le 11 septembre 2001.

 

 

ATTENTATS CONTRE LE WORLD TRADE CENTER ET LE PENTAGONE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Le 11 septembre 2001, quatre avions de ligne sont détournés par des terroristes islamistes de la mouvance Al Qaida. Deux s'écrasent avec leurs occupants sur les tours jumelles du World Trade Center, à New York, et un troisième sur le Pentagone, le ministère des armées, à Washington. Le quatrième s'écrase dans un bois de Pennsylvanie, les passagers ayant tenté au sacrifice de leur vie de maîtriser les terroristes. Au total, environ 3.000 morts et disparus.

L'effondrement des tours ayant été filmé en direct, l'émotion est immense dans le monde. Cet événement traduit la volonté de mise en scène emblématique, esthétique et violente, la caractéristique du terrorisme. Les Américains sont consternés de découvrir que le chef du commando terroriste, Mohammed Atta, jeune architecte d'origine égyptienne, donnait l'apparence d'être bien intégré dans leur société. Le président George Bush Jr, engage le fer contre Al Qaida et son chef mystérieux, Oussama Ben Laden.

 

   Moins d'un mois plus tard, une coalition internationale envahit l’Afghanistan, où Ben Laden a trouvé refuge auprès des talibans islamistes. Mais les erreurs stratégiques du gouvernement américain et son engagement quasi-simultané contre l'Irak éloignent la perspective d'une pacification de ce pays.

Les réflexes de défenses sont immédiats. Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, les gouvernements multiplient les mesures répressives et les dispositions orwelliennes (caméras de surveillance, fichage des empreintes ADN, fouilles au corps...). Le gouvernement de George Bush engage des opérations militaires très coûteuses (et vaines) en Afghanistan et en Irak pour aussi déstabiliser la région et réactiver les conflits de communautés.

 

   La peur pour s’exprimer a donc eu un grand impact, récent, sur la politique et l’économie mondiales. La guerre des faibles, avec les attentats du 11 septembre 2001, agression terroriste au cœur du symbole de la puissance économique américaine, renforcent leur tentation de s'affranchir des cadres multilatéraux (ONU) et de donner une lecture manichéenne, empreinte de religiosité, des relations internationales : d'un côté l'Axe du mal (Corée du Nord, Iran, Irak), de l'autre les États-Unis et leurs alliés, représentants de la Civilisation.

 

 

 

 

AUJOURD’HUI

 

 

Les peurs du XXe siècle sont encore présentes aujourd’hui :

 

La peur pour gouverner, en Corée du Nord

La peur pour combattre, en Irak

La peur pour dissuader, pilier de la paix mondiale

La peur pour s’exprimer, avec les attentats terroristes

 

Pour le prix Nobel de littérature péruvien, Mario Vargas Llosa : "Le terroriste, d'une certaine manière, est le grand protagoniste du XXIème siècle pour l'attention qu'il suscite".

La peur pour s’exprimer a effectivement dominé ce début de XXIs avec les attentas contre le World Trade Center, les tueries de Mohamed Merah en mars 2012 sur des enfants juifs devant leur école et des militaires, les attentats de Boston en avril 2013 perpétrés par les frères tchétchènes Tsarnaev et très récemment, les exécutions de Daech, les attentats contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et l’attentat de Copenhague.

 

Un petit groupe d’hommes déstabilise les Etats. Ce qui nous ramène à Albert Camus : "Un homme qu'on ne peut pas persuader est un homme qui fait peur."

 

Le général Colin Powell, secrétaire d'Etat à la Maison Blanche au moment des attentats du 11 septembre, a longtemps affiché dans son bureau cette maxime de Thucydide (Ve siècle avant J.-C.) : "De toutes les manifestations de puissance, c'est la retenue qui impressionne le plus." Par sa stratégie de la peur, le terrorisme kamikaze cherche à briser cette digue de la raison, entraînant le monde dans une "escalade aux extrêmes" dont nul ne peut prévoir vers quels abîmes elle mène l'humanité.

 

 

"LE XXe SIÈCLE EST LE SIÈCLE DE LA PEUR"

Albert Camus, Combats, 1948

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